Du capital politique sur le dos des personnes en situation de handicap: une réponse aux communiqués de presse de la Ville de Montréal.

7 juin 2022 – En cette Semaine québécoise des personnes handicapées, l’équipe d’Ex aequo est heureuse de constater que la Ville de Montréal et la mairesse Valérie Plante réitèrent, dans un communiqué émis le 1er juin, leur «engagement quotidien à lutter contre le capacitisme et à rendre la métropole accessible à toute la population».¹

Dans ce même communiqué, la Ville se targue des mesures qu’elle a prises pour rendre la Ville plus accessible. On y fait mention que les bornes de billetterie en libre-service ont été adaptées pour la clientèle à mobilité réduite dans les musées d’Espace pour la vie. Elle omet toutefois de mentionner que le site du nouveau Biodôme, entièrement rénové en 2020, n’est qu’en partie accessible. Nous ne souhaitons pas seulement avoir la possibilité de payer notre admission comme tout le monde, nous souhaiterions pouvoir visiter également les sites municipaux et y vivre la même expérience que tout le monde.

Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du manque de cohérence entre les engagements de la Ville et ses pratiques réelles. Aucune politique structurante ni projets ambitieux ne sont proposés pour inclure réellement les principes d’accessibilité universelle dans sa planification.

Le capacitisme étant maintenant une discrimination à combattre reconnue par la Charte montréalaise des droits et des responsabilités (affectant environ 33% de ses citoyens), nous nous attendons que les principes d’accessibilité universelle soient dès le départ inclus dans tous les projets menés par la Ville.

Notons par ailleurs que ces préoccupations sont très peu présentes dans un autre communiqué ² que la Ville a publié la même journée faisant l’annonce du déploiement d’un grand chantier montréalais en habitation en collaboration avec plusieurs partenaires immobiliers. En effet, il n’y a aucune mention d’engagements envers l’application des principes d’accessibilité universelle dans le développement des logements abordables promis par la Ville, bien que les logements accessibles et adaptables soient une denrée rare dans le parc locatif montréalais.

Le lancement de ce vaste chantier en habitation serait pourtant l’occasion pour la Ville de traduire sa volonté et ses engagements en matière d’accessibilité universelle en actions concrètes d’envergures. Nous demandons l’adoption d’une réglementation contraignante visant à rendre obligatoire l’application de normes d’accessibilité universelle dans tous les nouveaux logements construits.

Revendications

Si la Ville souhaite accorder ses gestes à ses engagements, voici quelques pistes de solution qui auraient un impact réel dans la vie des personnes en situation de handicap:

  1. Nous demandons que la Ville mette sur pied un Bureau de l’accessibilité universelle et de la lutte au capacitisme relevant de la Direction générale afin de coordonner les actions des différentes unités administratives de la Ville et des arrondissements en la matière;
  2. Nous demandons que l’accessibilité universelle fasse partie des exigences incontournables dans l’approbation de tous les nouveaux projets soumis à la Ville ou entrepris par celle-ci, au même titre que l’acceptabilité sociale et le développement durable;
  3. Nous demandons que la délivrance de permis pour la construction de tous les bâtiments privés, y compris les bâtiments d’habitation et commerciaux de petite surface, soit conditionnelle au respect d’exigences d’accessibilité universelle;
  4. Nous demandons que la Ville s’engage à inclure les personnes en situation de handicap et à favoriser leurs représentations sur ses instances décisionnelles et consultatives;
  5. Nous demandons que la Ville maintienne une circulation piétonne universellement accessible aux abords des chantiers de construction et qu’elle procède régulièrement à des inspections sur le terrain.

 

-30-