Santé et services sociaux

Collectivisation des responsabilités

Le silence qui entoure la révision du chèque emploi-service (CES) par le ministère de la Santé et des Services sociaux a plané sur presque tout 2022-2023.

Au printemps 2022, la direction du Ministère au soutien à domicile nous a signalé qu’elle avait entamé une révision du CES. Bien qu’Ex aequo et nos partenaires aient obtenu une rencontre avec la direction à ce moment, c’est le silence radio depuis. Nos demandes pour une nouvelle rencontre avec la direction sont restées lettre morte. Alors que la bonification de la rémunération des préposéEs au CES demeure une priorité identifiée par nos militantEs, le secret qui entoure cette révision plonge dans l’incertitude les personnes qui ont recours au programme.

Le soutien à domicile

Aussi, au printemps 2022, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a déposé son « Plan pour mettre en œuvre les changements nécessaires en santé ». Bien que le gouvernement se vante dans le Plan santé d’avoir entrepris « un virage majeur vers le soutien à domicile », son discours sur le soutien à domicile (SAD) porte toujours sur les personnes ainées, au détriment des autres personnes pour qui le SAD est essentiel au maintien de leur autonomie, dont les gens avec une déficience motrice.

De plus, la Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) a publié en mars le premier tome de son rapport sur le SAD. Ce rapport souligne que le Québec fait piètre figure à l’échelle canadienne, se plaçant 11e parmi les provinces et les territoires dans le montant par habitant qu’il investit en SAD et en soins communautaires. Mais encore une fois, le rapport de la CSBE associe le SAD presque exclusivement aux personnes ainées. En 2023-2024, nous devons travailler à rendre les personnes en situation de handicap incontournables dans la conversation publique sur le SAD. Puis nous devons pousser le gouvernement à faire un véritable virage vers le soutien à domicile, répondant aux besoins de chaque personne qui y a recours pour préserver leur autonomie.

En outre, la Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) a publié en mars le premier tome de son rapport sur le SAD. Ce rapport souligne que le Québec fait piètre figure à l’échelle canadienne, se plaçant 11e parmi les provinces et les territoires dans le montant par habitant qu’il investit en SAD et en soins communautaires. Mais encore une fois, le rapport de la CSBE associe le SAD presque exclusivement aux personnes ainées. En 2023-2024, nous devons travailler à rendre les personnes en situation de handicap incontournables dans la conversation publique sur le SAD. Puis nous devons pousser le gouvernement à faire un véritable virage vers le soutien à domicile, répondant aux besoins de chaque personne qui y a recours pour préserver leur autonomie.

En matière de santé et de services sociaux cette année, nos activités de défense collective des droits se sont concrétisées par :

  • Participation à l’appel à contribution de la Commissaire à la santé et au bien-être dans le cadre de son mandat spécial sur le soutien à domicile (SAD);
  • Promotion de l’accessibilité aux soins et de l’intervention rapide en cas de chute auprès de la table de concertation Déficience Physique (DP) des CIUSSS montréalais;
  • Suivi de la maison alternative Rivière-des-Prairies pour que ses orientations garantissent l’autonomie et la dignité des personnes en situation de handicap qui y demeureront, puis planification d’un comité conjoint avec le comité Habitation sur cet enjeu et sur l’enjeu plus large des milieux de vie offrant un soutien;
  • Obtention des documents des CIUSSS de l’île de Montréal sur leurs services de SAD, afin de mieux comprendre les dessous de l’organisation et de la livraison de ces services essentiels.

 

Lire le mémoire rassemblant nos propositions pour le CES

Lire la plateforme de revendications Santé et Services sociaux 2020-2024

Nos priorités pour l’année 2023-2024

Accentuer la pression avec nos partenaires pour obtenir une révision du chèque emploi-service (CES) qui bonifie grandement la rémunération et les conditions de travail des préposéEs :

Les gens qui ont recours au CES ont de plus en plus de difficulté à embaucher des préposéEs et à les conserver. Le salaire et les conditions de travail des préposéEs du CES ne sont pas compétitifs avec ceux du secteur public, des agences privées et des entreprises d’économie sociale en soutien à domicile (SAD). De plus en plus de préposéEs vont travailler pour ces organisations plutôt que par le biais du CES, en particulier les préposéEs les mieux formées ou avec plus d’expérience. La gestion du CES demeure complexe pour les personnes en situation de handicap et des changements s’imposent pour simplifier cette gestion. Les préposéEs du CES travaillant pour plusieurs personnes subissent aussi des inconvénients, entre autres sur le plan de la fiscalité. Les documents que nous avons obtenus des CIUSSS révèlent qu’on emploie le CES pour livrer une part de plus en plus grande des services de SAD. Pour assurer la viabilité du programme, il faut rendre attrayant pour les préposéEs d’y travailler et en revoir la structure de fond en comble.

Ex aequo fait partie d’une coalition d’organismes qui milite pour être au cœur des décisions à prendre pour revoir le CES. Si l’impossibilité de rencontrer les décideurs du gouvernement dans ce dossier perdure, nous entamerons l’exécution d’une stratégie qui vise à bâtir un rapport de force et augmenter la pression.

Exiger du gouvernement une augmentation considérable du nombre d’heures offertes en SAD, spécifiquement pour les personnes ayant une déficience motrice :

Nos membres nomment constamment l’insuffisance des heures accordées en SAD par les CLSC. Plusieurs disent aussi subir une pression d’aller en hébergement longue durée, quand les évaluations faites par le CLSC arrivent à la conclusion qu’il faut à la personne plus d’heures de services en SAD que le CLSC est prêt à offrir. Ceci contrevient à la politique gouvernementale Chez soi : le premier choix sur le SAD, dont les principes fondamentaux sont de faire du domicile « toujours la première option à considérer » et de prioriser le choix des personnes.

De plus, le rapport de la Commissaire à la santé et au bien-être révèle que le nombre de personnes avec une déficience physique qui reçoit du SAD stagne, tout comme le nombre total d’heures de services qui leur est offert. Inversement, le nombre de personnes ainées qui reçoivent du SAD et le nombre total d’heures qu’elles reçoivent augmentent en flèche. La bonification des services en SAD pour les personnes ainées est certes essentielle. Cependant, l’absence de fonds et d’objectifs spécifiques pour garantir l’augmentation des services en SAD pour les personnes avec une déficience physique font de celles-ci les oubliées du supposé virage vers le soutien à domicile.

Chez Ex aequo, nous terminons notre analyse des disparités qui existent au sein du SAD. Il nous faudra exiger des fonds et des objectifs à atteindre en matière de bonification du SAD qui sont spécifiques aux personnes avec une déficience motrice. De plus, compte tenu de la pénurie de personnel parmi les préposéEs et les auxiliaires qui offrent les services en SAD, nous devrons aussi talonner le gouvernement pour qu’il déploie une stratégie audacieuse pour attirer des travailleuses et travailleurs vers ces métiers et garder celles et ceux qui y œuvrent déjà.

 

Lancer une campagne de sensibilisation et de pression sur la nécessité d’un soin d’hygiène complète chaque jour en soutien à domicile :

En ce moment, sauf exception pour des situations particulières, le « soin d’hygiène complète » – le bain ou la douche, en jargon du système – n’est offert qu’une seule fois par semaine en SAD. Une telle situation parmi les CHSLD avait fait scandale en 2017, mais il semble qu’un tel état des choses soit encore une façon « acceptable » de traiter les personnes avec une déficience motrice qui reçoivent du SAD. Alors que la plupart des gens dans le reste de la population prennent leur bain ou leur douche chaque jour, il en va du respect de la dignité des personnes en situation de handicap de pouvoir le faire aussi. C’est sans nommer l’impact qu’une mauvaise hygiène a pour l’image de soi de la personne, puis l’embarras qui peut la retenir d’avoir une vie sociale active.

Nous devrons faire l’inventaire de la fréquence des bains et des douches avec assistance d’unE préposéE dans des ressources d’hébergement de longue durée pour personnes en situation de handicap, comme les ressources intermédiaires et les foyers de groupe. De manière anecdotique, on nous dit que le soin d’hygiène complète y est offert chaque jour; nous souhaitons confirmer l’existence de cette disparité. Nos membres souhaitent entreprendre une campagne de sensibilisation à cet enjeu et ils ont proposé des idées d’actions. L’année 2023-2024 sera le moment de mettre cette campagne en branle.