Hausse du salaire des préposés : rien pour ceux travaillant au Chèque emploi-service
Communiqué – Montréal, 3 avril 2020. Le gouvernement a annoncé hier une importante bonification des conditions salariales des employés du réseau de la santé et des résidences privées pour aînés. L’annonce reste toutefois muette au sujet du Chèque emploi-service (CES). Un oubli lourd de conséquences pour les personnes en situation de handicap qui les emploient.
Le CES est un programme permettant à une personne d’obtenir des services à domicile grâce à l’embauche de préposés par contrat de gré à gré. Les salaires offerts aux préposés sont financés par le gouvernement et leurs taux horaire sont déterminés en fonction de leur région. Sommairement, un travailleur du CES touche au Québec entre 12,50$ et 15$ de l’heure pour fournir des services de soins à domicile essentiels à des personnes en situation de handicap ou à des aînés.
Une main d’œuvre à rabais
Avant la crise, les travailleurs CES étaient déjà parmi les moins bien payés du secteur de la santé. Les augmentations annoncées hier pour les préposés des résidences privées pour aînés confirment ce statut et, par le fait même, accroissent l’angoisse des usagers qui les emploient puisqu’ils ne peuvent rivaliser avec les offres gouvernementales.
Les préposés du CES touchent désormais un taux horaire inférieur de 6$ à 8$ à celui de ceux effectuant un travail équivalent dans le réseau public. Dans le cas des préposés des résidences privées, on parle d’un manque à gagner qui se situe entre 2 $ et 4$. Ce creusement de l’écart de salaire accentuera les difficultés de recrutement. Rappelons qu’avant la crise, ce secteur était déjà aux prises avec une importante pénurie de main d’œuvre et les conditions de travail peu attrayantes étaient largement dénoncées.
Selon M. Allard, agent de défense des droits, « en contexte de crise, la non-compétitivité des salaires du CES rend d’autant plus précaire la vie des gens dont l’autonomie et la sécurité dépendent justement des services offerts par l’intermédiaire de ce programme. Il est impératif que le gouvernement accorde aux travailleurs du CES une augmentation du même ordre que celle qu’ont obtenu le personnel des résidences privées.»
De l’aveu du gouvernement, les augmentations visent à s’assurer que les emplois essentiels demeurent financièrement plus intéressants que les mesures de remplacement de revenu du fédéral. Or, le travail effectué par les employés du CES est tout autant essentiel que celui réalisé par ceux des résidences privées pour aînés. Il est donc injuste que leur rémunération demeure inférieure à celle offerte aux personnes souscrivant à la Prestation canadienne d’urgence.
Si Québec ne corrige pas cette rapidement iniquité, il y a tout lieu de croire que les préposés abandonneront en masse le CES au profit de postes équivalents dans le réseau public, les agences de placements ou les résidences privées. Les conséquences seraient alors désastreuses pour les personnes en situation de handicap qui les embauchent pour des tâches aussi vitales que l’aide aux levées ou à l’alimentation.
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Source : François Allard, agent de défense des droits, Ex aequo
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