Déclaration d’appui à la démarche et aux demandes de M. Jonathan Marchand
Montréal, le 17 août 2020. Ex aequo appuie la démarche de M. Jonathan Marchand et réitère l’urgence d’agir afin d’effectuer des changements profonds dans le système de soins à domicile au Québec, dans le but que celui-ci soit désormais guidé uniquement par les besoins de la population.
Au fil des ans, l’offre insuffisante de services en soutien à domicile a été pointée du doigt à de nombreuses reprises et les appels à des (ré)investissements majeurs, maintes fois répétés. Malgré les demandes incessantes des personnes en situation de handicap, de leurs proches et de nombreux professionnels du milieu de la santé, aucun gouvernement n’a fait mine de vouloir s’attaquer véritablement à cet enjeu, autrement que par la voie de politiques publiques aux noms qui sonnent creux (« Chez soi, le premier choix »…) et dont les retombées se font toujours attendre.
Ce que met en évidence la démarche de M. Marchand, c’est que peu importe le gouvernement, le soutien à domicile a toujours été le parent pauvre du réseau de la santé. À ce titre, il fait l’objet d’orientations, de directives et de barèmes complètement arbitraires, pour ne pas dire obscurs et déconnectés, notamment en matière de plafond d’heures de soutien. Ces directives et barèmes, révisés périodiquement au gré des impératifs budgétaires et des électorats à séduire engendrent rien de moins que de la maltraitance, en raison de leurs conséquences désastreuses dans le quotidien des personnes qui dépendent de ces services.
Comment interpréter autrement le fait qu’une personne qui reçoit du soutien à domicile depuis de nombreuses années ne puisse recevoir plus de 40 heures de service, tandis que celles qui en bénéficient depuis peu se voient rarement octroyer plus de 32 heures, et ce, même si les besoins sont bien plus grands? Sur quelle logique, connaissance médicale ou vision de société se base ce plafonnement indécent qui a pour implication de pousser des gens désireux de contribuer socialement et professionnellement vers des institutions inadaptées à leurs besoins et à leurs aspirations? Aucune qui ne tienne la route, tant au regard du bien-être individuel ou que de l’intérêt collectif.
Dans quel objectif le gouvernement perpétue-t-il une pénurie chronique de personnel en soutien à domicile en déterminant des salaires et des conditions de travail qui condamnent les auxiliaires et les préposées à la pauvreté, sinon celui d’une institutionnalisation insidieuse?
Nous réitérons donc, comme nous le faisons depuis la fondation de notre organisme il y a près de 40 ans, que la prestation de soutien à domicile dont bénéficie un individu devrait être déterminée uniquement par ses besoins. Ces derniers doivent être établis dans le cadre d’une évaluation humanisante réalisée par un professionnel de la santé indépendant et non-soumis à des objectifs de rationalisation des ressources.
Par ailleurs, il est plus que temps que le gouvernement explore et soutienne des solutions d’assistance à la personne hors du domicile, afin que les personnes en situation de handicap puissent accéder à une participation sociale pleine et entière et que la société cesse d’être privée d’une inestimable richesse.
Solidarité avec Jonathan Marchand et les milliers d’adultes hébergés contre leur volonté dans des milieux institutionnels.
Source: Ex aequo, [email protected]
Pour en apprendre plus sur la démarche de M. Marchand (revue de presse non exhaustive) :
5e nuit en cage : Jonathan Marchand exige toujours de rencontrer Legault
Conditions en CHSLD: une première nuit dans une cage devant l’Assemblée nationale