Santé et services sociaux
Collectivisation des responsabilités
L’influence de la droite et de l’extrême droite a marqué 2024-2025. Au Québec, le gouvernement a ordonné à la nouvelle agence Santé Québec de couper 1,5 milliard de ses dépenses et le plus récent budget provincial en est un d’austérité. Aux États-Unis, le département de la santé est maintenant dirigé par un secrétaire qui rejette la science et méprise les groupes minoritaires. Il s’oppose à la vaccination, considère l’autisme comme un fléau à enrayer et censure la recherche scientifique en lien avec les minorités notamment les personnes en situation de handicap.
Les conséquences des décisions américaines en matière de santé publique et sur la recherche en santé auront aussi un impact au Canada. Au même moment, les menaces de la crise climatique envers les personnes en situation de handicap se concrétisent. En juin 2021, plus de 600 personnes sont mortes à Vancouver dans une vague de chaleur extrême. Des données récentes ont recensé que 91 % de ces décès étaient survenus chez des personnes ayant une limitation fonctionnelle. Une analyse par des chercheurs de différents plans d’adaptation à la crise climatique a révélé que la plupart ne mentionnent même pas les personnes en situation de handicap.
Sur le plan du soutien à domicile, la situation se détériore. Non seulement la réforme du chèque emploi-service promise il y a 3 ans se fait encore attendre, malgré les promesses répétées du gouvernement. Mais une vague de coupures de service au CES a fait les manchettes en décembre. Celle-ci continue de frapper plusieurs de nos membres. Notamment, dans plusieurs CIUSSS montréalais, les nouvelles demandes d’avoir recours au CES sont suspendues depuis plusieurs mois.
En trame de fond de ces coupures, la ministre Sonia Bélanger a annoncé que le gouvernement adopterait une nouvelle politique sur le SAD d’ici la fin de 2025. La ministre dit considérer sérieusement de faire payer les personnes pour leur SAD, en fonction de leur revenu. La Commission des droits de la personne et de la jeunesse a dénoncé cette approche en décembre, la considérant comme un recul de 35 ans sur le principe que personne ne devrait payer du fait de vivre avec des limitations fonctionnelles. Malgré tout, le gouvernement de la CAQ considère encore taxer le handicap en faisant payer les gens pour leur SAD.
En matière de santé et de services sociaux cette année, nos activités de défense collective des droits se sont concrétisées par :
- Organiser des rencontres pour les préposéEs et les personnes usagères du CES, de concert avec le service Oxili. Ces rencontres visent à créer un espace de soutien et un élan vers de la mobilisation. Près de 100 personnes ont participé au total à ces différentes rencontres, ainsi que plusieurs organismes. Cela a mené à l’organisation en cours d’une action dérangeante dans plusieurs régions du Québec;
- contacter l’ensemble de nos membres qui ont recours au SAD pour dresser un portrait des coupures et des personnes qui les subissent, pour mieux dénoncer ces coupures;
- transmettre à plusieurs journalistes des preuves de consignes existant dans les CIUSSS de suspendre les nouvelles demandes pour le CES pour des raisons budgétaires, pour créer une pression pour que cette suspension prenne fin. Cette démarche a alimenté le contenu de plusieurs articles parus en décembre sur les coupures au CES;
- rédiger et publier plusieurs communiqués faisant ressortir les besoins des PSH en lien avec le SAD. Un carnet que nous avons écrit sur l’importance du CES sur le plan des droits de la personne a été publié par la Ligue des droits et liberté;
- présenter des demandes d’accès aux documents pour garder à jour nos données montréalaises sur le SAD et faire l’analyse de ces données, afin de voir l’évaluation de la situation. Nous voulons entre autres faire le suivi de l’évolution du recours au CES et du nombre d’heures de service pour les adultes avec une déficience physique. Ces données alimentent nos arguments en faveur de nos revendications.
En concertation :
- Ex aequo a commencé en 2024 à assurer la présidence la Coalition solidarité santé, une coalition d’organismes communautaires et de syndicats qui défend le caractère public, universel et gratuit du réseau de la santé et des services sociaux. Nous avons organisé plusieurs rencontres sur le SAD avec de nombreux organismes, visant à promouvoir une vision progressiste de l’avenir du SAD au Québec. Nous avons aussi participé au nom de la Coalition aux consultations du Ministère sur la nouvelle politique du SAD pour porter cette vision.
- Nous collaborons avec Parents pour toujours, un groupe représentant les parents d’enfants adultes en situation de handicap, à faire avancer les enjeux en lien avec le CES. Cette collaboration nous a permis de rencontrer plusieurs éluEs du gouvernement du Québec et de l’opposition, puis d’être invités à présenter 2 conférences sur la mobilisation autour du CES.
- Nous faisons avec Parents pour la déficience intellectuelle – un organisme qui défend les droits des familles de personnes avec une déficience intellectuelle – des démarches pour mettre fin à une consigne suspendant la création de comités des résidents dans les nouvelles maisons alternatives. Nous sommes parvenus à rencontrer la directrice de l’expérience usager de Santé Québec à ce sujet.
Lire le mémoire rassemblant nos propositions pour le CES
Lire la plateforme de revendications Santé et Services sociaux 2020-2024
Nos priorités pour l’année 2025-2026
Accroître la pression autour des différents enjeux en lien avec le SAD et le CES
Ex aequo est au cœur d’une mobilisation avec d’autres groupes pour dénoncer les coupures au soutien à domicile et la volonté au gouvernement de faire payer les gens pour leur SAD. Nous organiserons des actions dérangeantes au cours de l’année et nous continuerons à tenir des rencontres de mobilisation et de soutien en lien avec le CES. Nous assurerons une vigie autour des développements en lien avec la nouvelle politique de SAD et la réforme du CES.
Défendre les besoins spécifiques des personnes avec une déficience motrice auprès de nos partenaires, des personnes décideuses et de groupes ciblés du grand public
Le travail de concertation avec des organismes représentant différents groupes touchés par les réalités du SAD et du CES a donné un élan à la mobilisation autour de ces enjeux. Cependant, Ex aequo va continuer à mettre de l’avant les réalités et les besoins spécifiques des personnes avec une déficience motrice en matière de santé et services sociaux. Ces besoins doivent être entendus par nos partenaires et par les personnes décideuses. Ce travail est plus important que jamais face aux coupures du gouvernement, aux attaques de la droite sur le filet social et à la menace que pose l’extrême droite. Nous devons aussi cibler des groupes stratégiques du grand public à rejoindre en lien avec ces enjeux, que nous pouvons rejoindre autrement que par le recours aux médias traditionnels. Un projet de capsules vidéo pour les médias sociaux est d’ailleurs en branle, qui met de l’avant la parole de nos militantEs.
Développer les réseaux d’entraide face à la crise climatique
La crise climatique menace les PSH plus que la plupart des groupes de la population. C’est dans un contexte où les gouvernements refusent d’assumer leurs responsabilités face à cette crise. Nous craignons particulièrement les décès que la météo extrême, comme les vagues de chaleur intense, peut causer parmi les personnes avec une déficience motrice. Nous envisageons de mettre sur pied une brigade météo extrême pour veiller au bien-être de nos membres durant ces périodes dangereuses. Ce sera des moments pour nos militantEs d’agir de façon concrète – et au frais dans nos locaux durant l’été – et de veiller à la santé, au bien-être et à la survie des unEs et des autres.